
par Mounir Kilani
Pendant que Bruxelles annonce, sanctionne, réglemente et moralise, l'Europe s'appauvrit en silence. Les usines ferment, l'énergie renchérit, les classes moyennes décrochent, et les peuples sentent confusément qu'on décide sans eux - contre eux, parfois pour leur bien, mais toujours sans leur consentement.
Décider sans les peuples : le malaise européen
Ce malaise diffus, longtemps murmuré à voix basse, a fini par être formulé... de l'extérieur. Lorsqu'Elon Musk, sanctionné par la Commission européenne d'une amende de 120 millions d'euros pour violations du Digital Services Act sur sa plateforme X, déclare que l'Union européenne devrait être dissoute pour rendre leur souveraineté aux nations, et que Dmitry Medvedev lui répond par un laconique «Exactly», l'ironie est brutale : ce sont des acteurs non européens qui mettent des mots sur ce que beaucoup d'Européens n'osent plus dire.
Car derrière la rhétorique vertueuse, l'Europe traverse une crise existentielle profonde. Une crise de souveraineté, de stratégie, d'identité. Une crise où la bureaucratie remplace la politique, où la morale supplante le réel, et où la russophobie sert de rideau de fumée à un déclin soigneusement nié.
Cet article ne propose ni nostalgie béate ni utopie hasardeuse. Il pose une question simple, devenue taboue : l'Union européenne protège-t-elle encore les nations, ou empêche-t-elle désormais leur survie ?
Renaissance nationale ou implosion européenne
En ce mois de décembre 2025, l'Union européenne est minée par une bureaucratie hypertrophiée, une idéologie russophobe rigide et une dépendance stratégique croissante envers les États-Unis. Elle érode progressivement la souveraineté des nations qu'elle prétend unir. Les réactions d'Elon Musk, relayées par Dmitry Medvedev, n'ont fait que verbaliser ce que nombre d'Européens ressentent désormais : l'UE est devenue une superstructure inefficace, coupée des peuples et vassalisée.
Aveuglée par une russophobie obsessionnelle, l'Europe s'appauvrit, se désindustrialise et renonce à toute autonomie stratégique. Les sanctions contre la Russie, loin d'affaiblir Moscou, ont fragilisé les économies européennes, accentuant la dépendance au gaz américain et provoquant une crise énergétique durable. Pendant que le monde multipolaire - des BRICS au Sud global - s'adapte avec pragmatisme, Bruxelles s'enferme dans une posture moralisatrice stérile.
La russophobie : l'ennemi commode
Les conséquences sont concrètes. En Allemagne, la désindustrialisation s'accélère : Volkswagen annonce des suppressions massives d'emplois - des dizaines de milliers de postes menacés et des usines potentiellement fermées - tandis que BASF cède des actifs et restructure drastiquement. Partout, les prix de l'énergie rongent le pouvoir d'achat et sapent la compétitivité.
Le «jardin européen», selon la métaphore de Josep Borrell, se transforme en friche réglementaire sous la férule d'une technocratie intrusive.
Face à ce constat, une alternative existe : celle d'une Europe des Nations, confédération souple d'États souverains coopérant librement sans tutelle supranationale. Pour la France, héritière du gaullisme, cela implique :
- Une diplomatie autonome
- Une réindustrialisation assumée
- Une politique énergétique pragmatique
Réévaluer la relation avec la Russie, lever progressivement les sanctions, négocier des accords bilatéraux sur l'énergie et les matières premières permettrait de briser la dépendance atlantiste et de retrouver une marge de manœuvre stratégique.
Sortir de l'ombre de l'OTAN en défendant une défense européenne non intégrée, fondée sur des coalitions ad hoc, restaurerait également une autonomie perdue. Des alliances avec des États souverainistes - Hongrie, Slovaquie, Italie - pourraient contester les diktats bruxellois et réintroduire le pluralisme politique au sein du continent.
Crise morale et perte de légitimité
À cette faillite stratégique s'ajoute une crise morale. Les scandales de corruption révélés en 2025 illustrent une opacité structurelle qui mine la légitimité de l'UE :
- Implication d'eurodéputés
- Pratiques illicites de lobbys comme Huawei
- Inculpation d'anciens hauts responsables (Federica Mogherini pour fraude dans l'attribution de contrats au College of Europe)
L'aide massive à l'Ukraine, insuffisamment contrôlée, accroît encore les risques de détournements. Avant de donner des leçons, l'Europe ferait mieux de balayer devant sa porte.
Pour recouvrer sa dignité, la France devrait :
- Conditionner ses contributions budgétaires (≈ 20 milliards d'euros nets/an) à des audits indépendants
- Exiger des opt-outs* validés par référendum sur les politiques contraires à l'intérêt national
- Renouer avec une transparence démocratique réelle
La souveraineté ne se délègue pas : elle s'exerce.
Réindustrialiser ou disparaître
Le slogan «plus forts ensemble» sonne désormais creux. L'UE apparaît moins comme un moteur de prospérité que comme un hospice technocratique où les États déclinent sous le poids des normes, de la désindustrialisation et de la stagnation. Christine Lagarde, présidente de la BCE, a elle-même averti d'une «crise existentielle» menaçant l'Europe, marquée par une productivité atone et une fuite des investissements.
Pour renouer avec une puissance économique gaulliste, la France doit :
- Relocaliser et investir dans ses filières stratégiques (nucléaire, aéronautique)
- Défendre son modèle énergétique et diversifier ses approvisionnements
- S'affranchir, si nécessaire, des règles européennes qui entravent sa compétitivité
- Engager une dé-dollarisation progressive via des paiements en euros avec des partenaires multipolaires
La confusion entre morale et politique constitue le cœur du déclin européen. En désignant la Russie comme ennemi commode, Bruxelles évite toute introspection sur ses propres échecs : transitions écologiques ruineuses, corruption, arrogance technocratique, alignement atlantiste. Comme les empires finissants, l'UE préfère accuser l'extérieur plutôt que reconnaître ses erreurs.
Réformer ou rompre : l'heure de vérité
Si une réforme profonde des traités - rétablissant l'unanimité sur les questions de souveraineté - s'avère impossible, alors un Frexit préparé, méthodique et démocratiquement validé deviendra une nécessité. Non par idéologie, mais par réalisme.
Un Frexit négocié, inspiré du Brexit mais mieux anticipé - via référendum, accords bilatéraux sur le modèle suisse ou norvégien - permettrait à la France de retrouver sa souveraineté monétaire, législative et diplomatique tout en maintenant des coopérations choisies.
L'Europe ne meurt pas d'agressions extérieures, mais de son refus de lucidité. Pour la France, l'heure n'est plus aux lamentations mais à l'action :
- Réformes institutionnelles
- Relocalisation économique
- Diplomatie indépendante
- Affirmation culturelle
La renaissance commence toujours par la reconnaissance de l'erreur - et par un appel au peuple, via les urnes de 2027, à redevenir maître de son destin.
Une dernière note avant le choix
En attendant l'avenir - quel qu'il soit - si le moral flanche, il existe un remède simple et sans contre-indication : l'ordonnance Trenet.
Une dose de «Douce France», à écouter sans attendre, pour raviver les souvenirs d'un pays éternel : clochers familiers, chemins bordés de cerisiers et champs labourés par nos agriculteurs, gardiens de cette terre fière et douce.
Et pour les fêtes, prolongez le traitement : ce remède 100% français se partage et s'offre, en hommage à ceux qui, jour après jour, nourrissent notre nation et défendent son âme rurale.
* «Opt-out» est un terme juridique et politique qui signifie «clause d'exemption» ou «droit de retrait». Dans le contexte de l'Union européenne, cela désigne la possibilité pour un État membre de ne pas participer à une politique ou à une législation européenne spécifique, tout en restant membre de l'UE.